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‘Artiste en residence, Anu Pennanen a Paris’ par Nathalie Poisson-Cogez
(Version abrégée)
Lors de la soirée de lancement de la Saison Vidéo 2010 , qui s’est tenue au CAUE du Nord à Lille le 21 janvier dernier, l’artiste d’origine finlandaise Anu Pennanen a présenté son projet intitule provisoirement «Les Halles». La concrétisation de ce projet est liée au dispositif d’accueil en résidence à Paris, dont a bénéficié l’artiste au cours de ces deux dernières années : d’abord au Centre International d’accueil et d’échanges des Récollets,2 (2008), puis au 104CENTQUATRE3 (avril-novembre 2009).
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Anu Pennanen à Paris: le projet « Les Halles »
De fait, les deux années de résidence d’Anu Pennanen7 à Paris lui ont permis de poursuivre un projet amorcé voici huit ans sur la question des espaces publics et commerciaux à travers l’Europe, à l’ère de la mondialisation et de l’uniformisation des modèles urbains. Après un Monument pour l’invisible, crée à Helsinki (Finlande) en 2003, et Amitié, réalise à Tallinn (Estonie) en 2006, son projet questionne -pour clôturer cet ensemble envisage comme une trilogie – le site parisien des Halles. Répondant a l’objectif affiché du 104CENTQUATRE de « multiplier les chemins d’accès à l’art en rendant publiques les étapes d’un processus de création », la projection de janvier dernier proposait trente minutes de rush choisies parmi les quinze heures de prises de vues réalisées par l’artiste à ce jour et qui constituent son matériel de recherche.
Ni fiction, ni documentaire, l’originalité du travail d’Anu Pennanen résulte du « processus collaboratif » mis en place par l’artiste, sous forme d’ateliers d’écriture ou de vidéo, avec des participants locaux. Par leur intermédiaire, l’artiste interroge les usagers des Halles par le biais du décalage. « Je m’appelle Toufic, je viens d’Aubervilliers… ) ». Pour déjouer les cliches, une actrice déclame en continu, au coeur de l’amphithéâtre du site, les témoignages, recueillis au préalable, d’un marchand des Halles, d’une vendeuse du centre commercial ou encore d’un jeune de banlieue. Dans d’autres séquences, un jeune black joue – d’un geste trop lent et trop peu assuré…les laveurs de carreaux, un autre figurant entre maladroitement dans la peau d’un SDF. .. Le regard d’Anu Pennanen capte, en outre, le flux des passants inhérent ace noyau du déplacement urbain. Elle filme les escaliers mécaniques, les quais du métro et du RER de la station Châtelet-Les Halles, l’une des plus grandes gares souterraines du monde, Le Forum est ainsi redéfini, dans son acception ancienne : lieu de rencontre et d’échange de tous ordres, coeur stratégique de la cité.
Au-delà d’une approche qui s’avérerait purement et restrictivement sociologique, Anu Pennanen questionne aussi le lieu lui-même. L’architecture et son impact sur la perception de l’environnement sont interrogés au travers d’une maquette qui révèle les différentes temporalités du site. L’histoire se conjugue ainsi au passé: Les Pavillons de Baltard (1852-1870) ; au présent: Le Forum de Claude Vasconi (1975-1979) et au futur : La Canopée de Patrick Berger et Jacques Anziutti (2007-2013). Dans un premier temps, la maquette hybride, posée dans un intérieur, comme un objet d’art ou de curiosité, retient l’attention des acteurs du projet. Par rupture d’échelle, l’enveloppe habituellement vécue du dedans devient un dehors. Les transparences et reflets de 1’architecture réelle, visibles dans certaines vidéos, sont annihilés par le choix d’un matériau neutre et translucide. Au final, l’appropriation définitive par des mains anonymes se formalise par la destruction du « monstre », a même le sol du jardin des Halles. La violence de cet acte témoigne du démenti de l’utopie post-moderne.
Pour la présentation finale du projet, programmée en septembre 2010 au 104CENTQUATRE, l’artiste envisage une projection panoramique des diverses séquences sur cinq écrans géants. La juxtaposition des images mobiles, en simultané, devrait retranscrire -en brouillant la structure narrative – la multiplicité des perceptions possibles de ce lieu : plans larges et zooms, scènes réalistes et séquences fictives …L’objectif de ce dispositif final consiste à révéler la theâtralitê du lieu. Les protagonistes, qu’ils jouent leur propre rôle de passant anonyme ou qu’ils simulant autrui, dévoilent les enjeux du site qui consistent à être vus pour exister.
1 http://www.saisonvideo.com
2 http://international-recollets-paris.org
3 http://www.104.fr
7 Anu Pennanen est née en 1975 a Kirkkonummi (Finlande), diplôme de l’académie des arts d’Helsinki, ElIe vit et travaille à Berlin et a Paris, http://www.anupennanen.com
Par Nathalie POISSON-COGEZ. Docteur en histoire de I’art contemporain, chargée de cours a l’Université Lille 3, membre associé du Centre d’Étude des Arts Contemporains (CEAC) – Lille.
Les Nouvelles d’Archimède #54/2010